Des cris de panique résonnent parfois dans les Gorges du Pissot, au-dessus de Château d’Œx VD. La chute fait ici une centaine de mètres depuis le niveau de la chaussée. Lorsque l’on plonge le regard au fond des gorges, les grands sapins ressemblent aux arbres d’une maquette. Une plateforme métallique s’avance au-dessus du gouffre. Plusieurs câbles y sont fixés. C’est de là que les plus téméraires font le saut de l’ange – pour le fun. Un dispositif emmène les personnes qui ne peuvent pas sauter toutes seules jusqu’au bord de la plateforme, et les pousse dans le vide.
Claude Siegenthaler, coordinateur de la division Sport pour tous – loisirs – santé, découvre sur les réseaux sociaux la vidéo d’une personne en fauteuil roulant qui se jette dans ces gorges. Voilà de quoi intéresser les membres de l’ASP en quête d’aventure! Bien sûr, il doit d’abord vérifier si l’activité en vaut vraiment la peine. Cela veut donc dire qu’il doit d’abord la tester.
Les mains tremblantes
Encore assis dans son fauteuil roulant, il enfile un baudrier et est ensuite soulevé dans les airs. Il se met alors à osciller au-dessus du gouffre. Le temps que prend l’organisateur pour fixer toutes les sécurités lui semble durer une éternité: «Mon cœur battait à tout rompre.» Finalement, il tire sur une corde – et Claude plonge dans l’abîme. Il fait d’abord une chute d’une trentaine de mètres dans le vide et remonte ensuite en se balançant.
Le mouvement de pendule se réduit de plus en plus et finit par s’arrêter. D’en haut, l’organisateur lui jette une nouvelle corde munie d’un mousqueton qu’il doit accrocher à son baudrier. Mais Claude est complètement bloqué. «Quand tu es paraplégique, tu ne sens pas que tu es assis dans le baudrier. J’ai paniqué à l’idée de tomber si je lâchais la corde.» Il lui faut un certain temps pour s’en sortir, tant ses mains tremblent. «J’ai rarement eu aussi peur de ma vie.»
Il a besoin de quelques minutes de répit sur la terre ferme avant de rendre son verdict: «En fait, c’était cool.» Il propose cette activité aux membres de l’ASP. Trois femmes en fauteuil roulant s’étaient inscrites pour aller aux gorges le 17 août. Chacune d’elles a déjà une expérience des sports extrêmes. «C’étaient toutes des baroudeuses, comparé à moi», reconnaît Claude en riant. À la fin de la journée, les visages de Oehen Corinne, de Gitzelmann Stephanie et de Damiano Giulia sont rayonnants de joie. Elles sont unanimes: c’était génial!